Je contemple, fascinée, la lumière qui danse dans ses yeux, alors qu’il me parle d’une chose insignifiante, cette lumière qui brille bien plus fort qu’elle ne devrait, et qui éclaire mon intérieur trop sombre ces derniers jours. Ses mots ne sont pas importants, pas maintenant, pas tout de suite, ses phrases n’ont pas d’autre but que d’allonger la conversation confortable entre nous, allonger le peu de temps que nous arrivons à passer ensemble. La lune s’est levée depuis longtemps déjà, et ses rayons blafards atterrissent à nos pieds pour rebondir en s’effaçant plus haut, illuminant juste ce qu’il faut nos chaises en bois. La cour dans laquelle nous sommes installés est petite mais agréable, tournant le dos à la maison de vacances et faisant face fièrement à une petite vallée verdoyante qui prend fin à la lisière d’un bois de sapins. Sans doute, une petite rivière doit couler en contrebas, comme partout dans cette région du pays, mais nous sommes trop loin pour en entendre le murmure et il fait trop sombre pour distinguer quoi que ce soit. Je laisse mon regard se perdre vers le noir et déjà je sens le froid qui s’installe en moi, très vite, trop vite. Cela ne devrait pas être comme cela, mais qui s’en soucie à présent ? Mes yeux replongent dans les siens, et j’ai chaud à nouveau, je vis à nouveau. Seul lui peut me faire vivre encore.