Voilà !! Mon premier texte que je poste ici...^^
Petit Garçon
Un petit garçon marchait le long des rues. Il marchait par petits pas saccadés, la respiration rauque et sifflante, rentrant et sortant sa langue pour humidifier ses lèvres. Ses yeux noirs étaient grands ouverts et fixaient un point invisible devant lui. Il était petit, très petit. Il avait de petits bras, de petites mains, de petites jambes et des petits pieds nus qui s’écorchaient sur le sol dur. Ses habits, sales, abîmés et en haillons, pendaient sur son petit corps maigre. Son minuscule poing était serré sur de petites pièces qui, en se cognant l’une contre l’autre au fur et à mesure de sa marche, produisaient un doux tintement à ses oreilles. Il venait de les gagner aujourd’hui, après avoir travaillé dure toute la journée sans s’arrêter. Il avait transpiré, s’était écorché les mains et abîmé le dos en se baissant mais ne s’était pas plaint une seule fois. Il avait pris l’habitude de ce rude travail et il était fier d’apporter un peu d’argent à sa famille si pauvre.
Mais, bien entendu, il était un petit garçon comme tout les autres petits garçons du monde. Il avait des rêves ! Oui, malgré la misère où il vivait, il rêvait de pouvoir aller un jour à l’école. Là-bas, il serait assis toute la journée. Il apprendrait à lire, écrire, compter… Il pourrait s’amuser avec d’autres enfants de son âge et il ne serait plus obligé de travailler ! Il croyait et espérait de tout son cœur, de toute son âme, qu’un jour, il irait à l’école.
Il avançait sans se préoccuper de ce qui l’entourait. Il mettait toute son énergie dans sa marche afin de ne pas tomber. De continuer à mettre un pied devant l’autre. Il était fatigué et il avait mal partout comme à chaque fois qu’il rentrait de ces journées épuisantes. Mais aujourd’hui, il se sentait encore plus épuisé que d’habitude. En effet, depuis plusieurs jours, il se sentait de plus en plus faible. Il avait mal partout, chaque inspiration lui donnait comme un coup de poignard dans la poitrine, sa vision se troublait par moment, il avait toujours chaud…Il ne savait pas ce qui lui arrivait mais aujourd’hui cela avait empiré ! Il n’osait pas le dire à ses parents. Il avait peur de leur ajouter encore plus de problèmes et de soucis. Il voulait les aider du mieux qu’il pouvait et non pas les inquiéter encore davantage ! Ses parents faisaient déjà tellement pour lui, ses frères et ses sœurs… Ils se privaient du peu de nourriture qu’ils arrivaient à acheter pour le donner à leurs enfants. Mais cela n’avait pas suffit pour certains de ces frères et sœurs… Il se souvenait de sa sœur aînée, toujours prête à aider les autres malgré sa propre détresse. Elle était très belle, gentille, douce…et elle essayait toujours de remonter le moral de sa famille.
Pourtant un soir, elle n’avait pas franchie la porte de leur petite et misérable maison avec un sourire aux lèvres comme à son habitude. Ses parents firent comme si de rien n’était devant leurs enfants mais ils se lançaient des regards tristes et résignés de temps à autres. Quelques jours après sa disparition, deux policiers étaient venus leurs annoncer que leur fille avait été retrouvée morte quelques rues plus loin de son lieu de travail. Elle avait été violée puis battu à mort et son corps avait été abandonné. Sa mère ferma les yeux et laissa couler une unique larme.
Depuis la mort de sa sœur, la maison était moins gaie qu’à l’ordinaire. C’était la première fois que ses parents ressentaient autant de tristesse pour la mort d’un de leurs enfants. En effet, ils étaient habitués à voir certains de leurs enfants mourir. Ils étaient tellement pauvres qu’ils n’arrivaient pas à subvenir à leurs besoins. En plus, le côté du bidonville où ils habitaient était assez mal fréquenté. Il y avait beaucoup de rackets, de bagarres pour de l’argent, du travail…
Il avançait encore et toujours mais il sentait qu’il n’avait plus beaucoup d’énergie. Il avait soif. Il avait la tête qui tournait. Sa vision se troublait de plus en plus. Il avait chaud. Des perles de sueur commençaient à couler le long de son corps et ses habits lui collaient à la peau. Une douce brise souffla et le fit frissonner de la tête aux pieds. Il décida de trouver un coin sûr où se cacher pour pouvoir se reposer un peu avant de repartir et où personne ne pourrait le voir afin de ne pas se faire voler son argent.
Il trouva cet endroit un peu plus loin, entre deux maisons qui formaient un coin sombre et en retrait de la route. Il s’y faufila avec le peu d’énergie qui lui restait et s’écroula immédiatement contre le mur de l’une des maisons. Il resta assis quelques secondes mais de fortes nausées et vertiges l’obligèrent à se coucher. Il voulait vomir mais il n’avait rien mangé et n’avait donc rien à vomir. Il sentait des spasmes s’emparer de lui sans pouvoir les contrôler. Il avait l’impression que sa tête allait exploser. Il ferma les yeux. Repensa à sa sœur aînée et eut un faible sourire. Il savait qu’il allait la rejoindre. Il serra une dernière fois les pièces dans sa main. Puis tous ses muscles se relâchèrent, son souffle rauque cessa et la douleur avec.
Il vient de rejoindre sa sœur aînée et ses nombreux frères et sœurs morts avant lui dans l’indifférence du monde.