Un autre texte que j'ai écrit, trop court pour figurer dans les nouvelles, alors je le mets ici.
C'est à partir de ce moment là que je me suis senti vraiment seul. La nouvelle m'étais tombée dessus d'un coup, pendant tellement de temps j'avais refusé d'y croire et maintenant cette fatalité m'écrasait de tout son poids. Non ce n'était pas possible, je devais être en plein cauchemar. Non, impossible. J'aurai voulu lui prendre la main et m'enfuir avec elle l'emmener loin de cet hôpital, de ces chambres à l'odeur de désinfectants, de ces médecins en blouses blanches, de ces machines aux biiiiiiiiip horribles. Non ce n'était pas possible, elle ne pouvait pas avoir fait une rechute, elle n'avait pas été mise en réanimation de toute urgence. Non impossible.
Je me souviens de ces yeux pétillants et de sa joie de vivre, doucement éteints, rongés par la maladie, de sa main qui tenait la mienne, de son rire si cristallin qui se brisait au fil du temps. Pourtant je croyais qu'elle s'en sortirait. Je l'avais souhaité avec toute l'ardeur qu'un coeur qui aime peut avoir. J'avais espéré, prié en silence chaque nuit, croisé les doigts tellement de fois, et pourtant....
Et pourtant aujourd'hui j'arrivai essoufflé dans cette salle d'hôpital, essoufflé d'avoir couru le plus vite possible après avoir reçu un coup de fil m'ayant annoncé cette horrible nouvelle. Elle s'était effondrée. Ensuite? Rien. Seulement les longues heures d'attentes dans le hall, la peur, l'espoir, la colère, le désespoir, l'incompréhension, tellement de sentiments qui se mêlaient en moi et bousculaient dans tout les sens mon petit coeur.
Et puis finalement le médecin sortit. Il prononça quelques mots que je mis beaucoup de temps à comprendre mais qui me firent l'effet d'un poignard."Je suis désolé, nous avons fait tout notre possible." Des mots terribles, qui n'avaient aucun sens. Une petite phrase qui laissait deviner le pire. La fin. Pourtant je refusais encore d'y croire. Alors ivre de douleur, le visage ruisselant de larmes et avec l'énergie du désespoir, je bousculai ma mère en pleurs et je courus, courus et déboula dans sa chambre.
C'est alors que je la vis. Son corps sans vie allongé sur son lit à côté du respirateur débranché. Ses yeux qui s'étaient fermés pour toujours. Sa main qui autrefois avait serré la mienne pendait maintenant mollement sur le côté. Alors submergé par la douleur je sortit ce couteau que je gardai toujours sur moi, au cas où arriverai l'impensable. Et l'impensable était maintenant arrivé. Doucement mais sûrement j’approchai la lame de mon poignet. Sans elle ma vie n’avait plus aucun sens. Je ne désirai plus qu'en finir maintenant qu'elle m'avait quitté. Et puis soudain j'ai eu un flash. C'était il y a 2 ans, le jour où tu me l'avais annoncé:
"-Tu sais Thomas, je suis malade.
-Ne t'inquiètes pas Lyne, les médecins te guériront.
-Non, c'est plus grave que ça. Je sais que je n'en ai plus pour très longtemps.
-Arrête, ne dis pas ça!
J'avais crié, peut être un peu trop fort. Doucement elle posa un doigt sur mes lèvres.
-Ecoutes, je voudrais que tu me fasses une promesse. Je voudrais que tu vives. Même si moi je meurs je pourrais partir le coeur léger car je sais que toi tu vivras pour moi. Je voudrais que tu me laisse vivre en toi, que tu sois heureux, que tu continue ta route sur le chemin de la vie, que tu fasses toutes ces choses que je n'aurais pas eu le temps de faire. Promet le moi.
-Je te le promets.
Alors un sourire illumina son visage, pendant qu'une larme coulait sur ma joue.
Et ce soir, dans cette chambre d'hôpital ma main lâcha ce couteau qui tomba à mes pieds. J'admirai une dernière fois son visage et déposai un ultime baiser sur ses lèvres froides avant de murmurer: "Adieu ma belle, à partir de maintenant je vivrai pour toi".
Et par la fenêtre je crus voir un ange me sourire avant de prendre son envol vers les étoiles.