Voici la première nouvelle que j'ai jamais écrite sans aucune directive.
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Nous sommes en plein cœur de Bruxelles. Il fait beau, le soleil brille, les oiseaux chantent. Que rêver de mieux ? J’étais assise sur un banc, les yeux clos, la tête tournée vers les rayons du soleil qui me réchauffaient le corps. Pensant à l’instant présent, unique au monde. Rien, ni même les cris d’enfants jouant au cerceau, le trafic régulier ou la dispute d’un couple tout proche de moi, ne pouvait perturber cet instant de paix et de bonheur. J’attendais. Après quelques minutes, je reconnus, je le reconnus. Ce pas léger presque imperceptible parmi la foule. Cette démarche rapide mais gracieuse. J’ouvris alors les yeux et le vis devant moi me dominant de toute sa hauteur. Je levai la tête et souris quand nos regards se croisèrent. Ses yeux étaient d’un bleu si intense au point de croire y voir l’océan tout entier. Il était grand, beau, svelte, tout simplement indescriptible. Après quelques minutes, je dis :
- Bonjour Arthur.
- Salut toi ! dit-il le sourire aux lèvres. Tu es très belle aujourd’hui !
Je connaissais cette phrase. Il me la répétait dès qu’il en avait l’occasion, presque dix fois par jour.
- Tu voulais me parler ? Ca avait l’air urgent…. M’empressai-je de dire tout en lui faisant signe de s’asseoir à mes côtés.
- Marchons donc.
Je le suivis sans protester. Il marchait vite. Trop vite. J’avais pris l’habitude de marcher à côté de lui tout en veillant à prendre une petite avance pour ne pas devoir trotter derrière lui. Mais aujourd’hui, c’était différent. Il avait un air grave et fronçait les sourcils.
- Ecoute… commença-t-il.
Je le regardais avec une telle intensité qu’il tourna la tête et serra plus encore sa main sur la mienne.
- Isabelle. Tu sais que je t’aime plus que n’importe qui au monde, que je pourrais mourir pour te protéger…
- Oui je le sais… Et je suis ton souffle, tes rêves, tes pensées, ton futur ! continuai-je.
Ces paroles, je les connaissais par cœur. Elles avaient fait partie intégrante de moi dès la première fois où il les avait prononcées.
- Isa…
Il semblait perdu dans ses pensées comme si les mots n’arrivaient pas à franchir ses lèvres. Comme si quelque chose était trop dur à avouer. Cela m’inquiéta.
- Arthur… Que se passe-t-il ? Tu me fais peur…
- Eh bien. il soupira. Je n’en peux plus de cette vie. Je ne peux plus vivre.
- Quoi ? m’affolai-je. Qu’est-ce que tu racontes ?
- Je ne peux pas t’expliquer. Adieu mon amour.
Il avait dit ça sur un ton calme, posé. J’attendis en espérant l’entendre me dire que ce n’était qu’une blague, une mauvaise blague. Mais ça ne vint pas. Il m’embrassa et s’éloigna. Je n’eu pas la force de prononcer le moindre mot. Je restai là, le regardant s’éloigner. Sans un mot, je rentrai chez moi, me couchai mais ne parvins pas à dormir. Ses paroles tournaient dans ma tête : « je ne peux pas t’expliquer. Adieu mon amour. ». Qu’est-ce que ca voulait dire ? Quelles sont mes raisons de vivres à présent? Pourquoi continuer de lutter alors que ma vie n’a plus de sens ? Je me levai, farfouillai dans le tiroir du bureau, furtivement. Je trouvai. Il était là.
- Tu es mon souffle, sans souffle je meurs. Je t’aime. J’arrive.
Le téléphone sonna. J’appuyai le révolver contre ma tempe. Mon cœur battait à cent à l’heure. J’appuyai sur la gâchette. Tout devint noir, sombre, indistinct. Tout s’évanouit à jamais.
La messagerie s’enclencha. Le bip sonore laissa la place à la voix d’un homme.
« Isa. C’est moi. Ecoute… J’ai dit des conneries. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je t’aime »
Je gisais à terre, baignant dans mon sang.
Trop tard.